Comme vous semblez avoir apprécié entrer dans la peau de « Monsieur le chat » ou « Madame boule de poil », lors de notre dernier article, répétons l’expérience. Encore une fois, le but n’est pas de faire de l’anthropomorphisme (le pire ennemi du comportementaliste), mais bien d’essayer de vous faire voir le monde selon la perspective du chat. Cela nous permet de mieux comprendre ce qu’il perçoit lorsque nous le punissons et s’y prendre plus adéquatement pour l’éduquer. Prêt ? Vous avez maintenant quatre pattes, des moustaches et miaulez au lieu de parler !
Vous montez sur la table. C’est alors que votre esclave favori … oups! C’est vrai, ils n’aiment pas se faire appeler ainsi. Allons-y pour « propriétaires » et laissons-lui l’illusion qu’il est le vrai propriétaire de la maison. Donc, vous venez de monter sur la table et votre propriétaire s’approche de vous l’air fâché en disant :
- FLAN DSERIT, RLU FSA SU KCHAI… flali oust, treflla!
Vous ne comprenez rien de ce qu’il vous dit. Si vous aviez un traducteur humain-chat vous auriez compris qu’il disait ceci :
- NON MINOU, PAS SUR LA TABLE…allez oust, en bas !!!
En fait, tout ce que vous saisissez c’est qu’il parle fort et que c’est désagréable, mais vous ne savez vraiment pas pourquoi. Le voilà qui va dans la cuisine sans rien dire de plus. Pourquoi avoir crié après moi alors ? Il est difficile à comprendre cet esclave…oups… propriétaire ! Hoooo non, le voilà qui sort le « vaporisateur d’eau » ! Vous savez très bien que lorsqu’il a cela dans les mains c’est pour vous arroser, alors mieux vaut déguerpir.
Vous fuyez donc dans le salon et grimpez dans votre arbre-à-chat, le Katt3 de BeOneBreed, tout neuf que vous adorez (oui oui c’est de la pub gratuite… c’est le prix pour avoir la chance de vivre dans la peau d’un chat en ce moment :-). Votre propriétaire semble satisfait cette fois-ci. Croit-il vraiment que vous avez compris que vous ne devriez pas allez sur la table grâce à ce vaporisateur d’eau ? Absolument pas. Après tout, le vaporisateur ne vous a jamais poursuivi par lui-même dans la maison. Il est toujours tenu par le propriétaire. De plus, si vous aviez vraiment compris, vous ne retourneriez pas sur la table à chaque jour. Si vous n’aviez vraiment pas le droit d’aller sur la table, vous seriez puni chaque fois que vous iriez non ? Or, vous n’êtes jamais puni lorsque votre propriétaire n’est pas là et même lorsqu’il est là et qu’il regarde la télé, il n’est jamais fâché que vous soyez sur la table. Donc le problème ce n’est pas la table, n’est-ce pas ?
En fait, à bien y penser, le seul point commun de toutes ces punitions c’est… votre propriétaire lui-même. Il est là le problème. En tant que chat, vous ne vivez que dans le moment présent et votre propriétaire ne semble pas comprendre qu’à chaque fois qu’il vous punit c’est pour ce que vous faites au moment de la punition. Or, au moment précis où il vous punit, parfois vous vous lavez, d’autres fois vous regardez dehors ou encore vous le regardez. Bref, plus ces punitions qui punissent des gestes différents se produisent, moins vous comprenez ce qu’il veut punir. Surtout si, lorsqu’il s’approche de vous, c’est pour vous flatter ou vous punir. Si ça continue, bientôt vous ne prendrez plus de chance et vous vous tiendrez à distance en tout temps. Si jamais ce petit manège se poursuit, vous pourriez bien en venir à vous défendre ou devenir un peu plus sauvage de façon à ce qu’il n’ait plus envie de s’approcher, point final.
Vous tournez votre attention vers la télévision et vous voyez le visage de votre idole l’Éduchateur qui explique une autre méthode pour éduquer un chat (oui oui c’est une autre pub. Faut bien le remercier d’avoir écrit cet article drôle, non ?). Vous miaulez à vous fendre l’âme pour attirer l’attention de votre propriétaire pour qu’il tourne son attention vers l’Éduchateur. Miaou, Miaou…zut ça ne fonctionne pas ! Désespéré, vous utilisez l’autre miaulement. Vous savez celui qui attire son attention la nuit ?
MAAARRROUINNNNNN!
Enfin, ça fonctionne ! Il s’approche de vous, vous flatte et décide d’écouter votre idole qui dit ceci :
« … et donc au lieu de le punir, pourquoi ne pas plutôt lui indiquer le comportement que vous préféreriez qu’il adopte à la place et le récompenser lorsqu’il l’adopte ? Très souvent en ignorant les mauvais comportements et en récompensant les bons avec sa gâterie favorite (un quart de gâterie, c’est une gâterie quand même pour les chats un peu trop bien portants), le chat va très vite comprendre qu’il a beaucoup plus intérêt à adopter le comportement payant.»
Votre propriétaire se retourne vers vous avec un petit sourire étrange en vous parlant. Si vous aviez votre traducteur humain-chat, vous auriez compris ceci :
« Tu es tellement goinfre que ça va être facile avec toi ! »